François-Antoine-Marie-Constantin de Méan naquit au château de Saive, le 6 juillet 1756. Il était le deuxième fils de François-Antoine, comte de Méan de Beaurieux, seigneur de Saive et de Anne-Élisabeth-Françoise, comtesse de Hoensbroeck-d'Oost. Il fit ses études à Mayence et à Douai.

Le 28 mai 1777, il fut reçu parmi les chanoines tréfonciers de l'église cathédrale Saint-Lambert avec difficultés (le chapitre de Saint-Lambert trouva qu'il ne réunissait pas tous les quartiers requis). Le 21 juillet 1784, il devint suffragant de son oncle maternel, César de Hoensbroeck, nouveau prince-évêque de Liège. Il reçut la prêtrise en 1785. Le souverain pontife l'ayant nommé évêque d'Hippone in partibus, Hoensbroeck lui donna l'onction épiscopale, le 19 février 1786. Il devint en 1788, prévôt de la collégiale de Saint-Martin.

La principauté était à cette époque, le théâtre d'une vive agitation. En conflit avec le tribunal des Vingt-Deux sur l'affaire de Spa, son oncle Hoensbroeck l'envoya en mai 1789, plaider l'affaire à Wetzlar (Chambre impériale de justice). Le 18 août, suite à la révolution liégeoise (en écho aux événements de France), Hoensbroeck se retira furtivement à Trêves et Méan l'y suivit. A partir de ce moment, Méan se mêla activement des affaires liégeoises et du rétablissement de l'autorité épiscopale. Jouant le rôle d'ambassadeur, il fera le tour des cours des États voisins pour chercher de l'aide.

En 1792, après la restauration du pouvoir épiscopal en bords de Meuse, Méan devint l'homme fort du prince. Quand Hoensbroeck mourut le 4 juin, faisant peu de cas des conseils de modération demandés par l'Autriche en ces périodes troublées, les chanoines du chapitre cathédral s’obstinèrent en élisant un réactionnaire convaincu au trône de Prince-èvêque. Méan fut élu à l'unanimité, le 16 août 1792. Alors que les révolutionnaires liégeois attendaient un décret d'amnistie, ils furent cruellement déçus.

Ensuite l'Histoire s'emballa. Le 28 novembre 1792, les Français de Dumouriez, vainqueurs des Autrichiens, entraient à Liège. La veille, Méan avait quitté la ville avec sa cour. La joie des exilés rentrés à la suite des armées de la république, fut de courte durée. Le décret du 15 décembre de la Convention française sonnait le glas de l'indépendance du pays. Mais l'influence française fut brève. Le 3 mars 1793, le prince de Cobourg, généralissime des forces autrichiennes, chassait les Français de Liège. Le vainqueur avait ordre d'administrer provisoirement la principauté en vue d'un démembrement du petit État liégeois. Le 21 avril seulement, Méan put retourner à Liège et reprendre les rênes du pouvoir. Le gouvernement épiscopal poursuivait sa politique réactionnaire d'une manière implacable. L'exécution le 2 janvier 1794 à Verviers de Grégoire-Joseph Chapuis, médecin verviétois, qui avait marié civilement plusieurs de ses concitoyens, consacra à jamais son impopularité dans la vallée de la Vesdre.

A la fin de mai 1794, les Français rentraient à nouveau dans les Pays-Bas. Cette fois, ils étaient définitivement maîtres de notre patrie. Le 24 juillet, Méan sortit du pays de Liège, dont il perdait la souveraineté pour toujours. La principauté disparut (Traité de Lunéville) et une partie de son territoire devint le département de l'Ourthe. Méan se retira à Erfurt. A l'époque du Concordat (1801), il donna sa démission d'évêque de Liège. Après la chute de Napoléon, il espéra qu'il remonterait sur le trône mais le ci-devant pays de Liège fut incorporé dans le nouveau royaume des Pays-Bas.

D'amples compensations attendaient le prince-évêque déchu. Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, nomma François-Antoine de Méan membre de la première chambre des États généraux, grande croix de l'ordre du Lion belgique, prince de Méan, et le désigna pour le siège archiépiscopal de Malines. Son serment à la loi fondamentale exigé par le roi viendra ternir son engagement catholique et lui causera bien des problèmes.

Le 22 septembre 1817, Méan prit possession de son siège par procuration. Le 13 octobre, il fit son entrée solennelle dans la cité archiépiscopale. Le primat des Pays-Bas était bien vu à la cour. On le croyait faible et incapable d'une longue résistance car atteint de graves infirmités. On se trompa.

Le roi Guillaume, en 1825 supprima toute liberté d'enseignement et créa pour les futurs prêtres un collège philosophique à Louvain. Méan protesta avec énergie, ce qui lui valut les félicitations du pape Léon XII. Sa fermeté face aux séductions ou menaces ne fléchit pas. Le roi dut faire des concessions. Il finit par conclure en 1827 un concordat avec le Saint-Siège, supprima le collège philosophique (1830) et permit aux évêques de rouvrir les séminaires diocésains. Mais c'était trop tard. Quelques mois plus tard, la révolution belge éclatait.

Quand le Congrès national élabora la nouvelle constitution, Méan exigea pour les catholiques, le libre exercice de leur culte. Ce fut le dernier effort de cette volonté énergique que la mort seule pouvait abattre. Méan tomba frappé d'apoplexie, le 15 janvier 1831, à l'âge de soixante-quinze ans. On déposa son corps dans la crypte sépulcrale des archevêques sous le maître-autel de Saint-Rombaut à Malines.

En 1837, son neveu et légataire universel, le comte Eugène de Méan, fit élever par le sculpteur liégeois Louis Jehotte un mausolée en marbre blanc à la place où reposait la dépouille mortelle de l'archevêque.

H. Lonchay - Biographie nationale T. XIV, pp. 197 et suiv., 1897
Joseph Demarteau, François-Antoine de Méan, Collection nationale 5e série N°57, Office de publicité, 1944