Le hameau
Plan parcellaire de Saive - Saivelette (1809)
Vue de Saivelette en 1940
Rue Saivelette vers 1950
Orthographié « Seavelet » en 1546 puis « Saivelette » en 1631, ce petit hameau est situé à l’extrémité nord de l’ancienne commune de Saive, sur les bords du ruisseau Sainte-Julienne (qui portera longtemps le nom de « Saivelette » dans sa traversée de Saive).
Il est bordé par les lieu-dit « Légipont » au sud, Hoignée (Cheratte) au nord et Corinhez (ou Corinheid, à cheval sur Housse) à l’est.
Dans la première moitié des années 1960, il fut fortement impacté par la construction de l’autoroute E40 et le creusement de la tranchée de Cheratte.
Comme Saive, son territoire sera longtemps couvert de nombreux bois dont celui de « Herkeau » (cité dès 1571) qui était situé à l'extrémité nord de la commune de Saive, plus exactement en bordure de celles de Cheratte et de Housse et traversé par le ruisseau Sainte-Julienne.
Il a disparu lors de la construction de l’autoroute. Il était contigu au Bois « le Masson » (cité dès 1666) ou Bois de Saivelette couvrant le versant est de Saivelette qui lui, a survécu en partie.
Entre ces bois, existaient des « campagnes » (zones de culture et d’élevage) telles que celle de Saivelette, entre les hameaux de Saivelette et de Hoignée ou celle de Gombievaux, située plus au sud le long de la Julienne, au lieu-dit « Légipont » (citée en 1550).
Le moulin
Le moulin de Saivelette (v.1910)
Le moulin de Saivelette (v.1960)
Ce moulin « à farine », vénérable témoin du passé, était déjà cité au XIIIe siècle. A cette époque, il était la propriété des chevaliers Roger de Herstal et Gilles de Rabosée. Il fut également l’objet de nombreux contrats entre la noble famille de Herstal et les del Tour de Wandre.
La cour de justice de Saive mentionne de nombreux conflits entre le seigneur de Saive et les exploitants de ce moulin.
Voici deux descriptions anciennes du bâtiment :
1552 : « Visitation du moulin de Saivelette, à la requête de Libar de Hanchez (Hansez) - les échevins comparaissent au mollin et tenure de Saivelette, pour savoir en quel état et degré est ledit mollin. On constate qu'il faudrait ériger audit mollin un mur aussi haut que les roues du mollin, car tous les harnais, chenolets portant lesdites roues ne valent plus rien, et il convient de les refaire à neuf. La roue d'amont est assez bonne, avec son arbre, mais le roue d'aval doit être refaite. tandis que son arbre est assez « raisonnable ». Il faut aussi refaire en partie les chennals (corniches qui amènent l’eau sur les roues) avec les chenolets pour les porter en après (la suite manque papier déchiré). De même il convient de replaquer en tout l'usine du mollin en plusieurs lieux non avant plaqués ni terrassées, sauf un soumier (soumi, poutre faîtière), mais à part cela, l'usine et la maison sont raisonnablement édiffiés.
En outre, nous avons trouvé que le pont extant devant le mollin ne vaut rien. Item il faudrait remettre au point la cheminée de la maison du mollin, avec un quart des planchers, tant de la cuisine que de la chambre qui n'a plus ni vitres ni fenêtres, comme les portes de la maison. Il convient de relever le toit de la maison du côté vers Meuse ».
C.J. Saive, reg-n°1 fol 154
Le hameau de Saivelette (av.1940)
1804 : Description au recensement des usines le 21 mai 1804 : le moulin de Saivelette, situé dans le hameau de Saivelette et construit en pierre et tuile. il se compose de 3 coupoles de pierres dite de Polleur d'un diamètre de 5 1/2 pieds environ, elles sont mues alternativement par 2 tournants (sic : Roue) à braquets ayant 16 à 17 pieds de hauteur qui ne peuvent agir simultanément que dans les grandes pluies et qui dans les sécheresses restent souvent en stagnation pendant quelques heures.
Fonds français - Archives de l’État de Belgique
Les bures (Exploitations minières)
Bure surmonté d'un treuil à bras
Un bure est un puits de mine équipé le plus souvent d’un simple treuil à bras. Il permet l’extraction de la houille dans un rayon relativement restreint (quelques dizaines de mètres). Dans le hameau de Saivelette, ils y étaient nombreux et florissants autrefois. Les archives du Fonds français (1794-1814) en mentionnent certains, notamment :
- Le bure de Saivelette : En 1795, Jean Cabolet, Barthélemy Closset, Nicolas Francket et Herman Servais créent une « société de houillerie » pour extraire le charbon dans l’ouvrage entrepris dans la prairie de Jean Cabolet à Saivelette. En 1811, cette exploitation emploie 85 ouvriers pour un tonnage extrait de 1.431.920 kg de houille (par an ?).
- Le bure du Thier Noël située aux Hez de Chefneux : En 1812, il compte également 85 ouvriers pour une extraction de 1.727.880 kg (par an ?). Il est exploité en 1813 par Pierre Guyot au nom de la famille Saroléa de Cheratte.
- Le bure de Corinhez : En 1800, Jean Lorande de Cheratte et Jean Noël Loneux de Herstal tous deux houilleurs souhaitent exploiter la veine de houille et charbon de terre se trouvant sous les biens contigus de Lambert et jean-François Grandjean de Corinhez et Nicolas Londot de Saive.
Henri Grandjean, oculiste de la cour de France
Enfin, comme le précisait Georges Abraham dans son ouvrage « Promenade historique à Saive » en 1996, c’est à Corinhez, juste au nord-est de Saivelette, que naquirent les frères Grandjean : Henri né en 1723 et Guillaume né en 1731. Tous deux furent oculistes des Rois de France Louis XV et Louis XVI.
Sources :
Georges Abraham, Promenade historique à Saive - Notes de Toponymie et d'Histoire, 2ème édition, Blegny-Mine, 1996
Micheline Demars-Housset, Saive au XIXe s. sous le régime français, Éditions de la Province de Liège, 2014
Construction de l'autoroute E40, https://wegen-routes.be/maps/1964f.html