Le pont du tram au-dessus de la gare de Bressoux
Marie Ernotte raconte
Le tram franchissant le nouveau pont enjambant les voies de la gare de Bressoux

Avant la guerre, les travailleurs n'avaient que le tram vicinal pour se rendre à Liège. Celui-ci fut d'abord à vapeur, d'où le nom de « machine à feu » du musée de Mortroux. L'autorail à mazout lui succédera ensuite.
Ce tram, on l'appelait « treûs francs, treûs francs » à cause du passage à niveau de la gare de Bressoux. Arrivant près du Bouxhay il était souvent immobilisé par les barrières abaissées dans l'attente du train de la ligne Liège-Maastricht. Il fallait longuement patienter jusqu'à ce que le garde-barrière les relève. D'où un arrêt de minimum trente minutes voire plus quand deux trains circulaient dans les deux sens.


Cela entraînait régulièrement un retard ennuyeux surtout pour les ouvriers, employés ou vendeurs des grands magasins (Sarma, Grand-Bazar). Il faut savoir qu'à l'époque pour une ou deux minutes de retard, le patron vous décomptait un quart d'heure. Cela se conçoit aisément, de tout temps il y a eu des tire-au-flanc ou des roublards.

La rue du Moulin à Bressoux (Au sol, la double voie vicinale)

Nous avions au village un monsieur Pirotton qui avait fait construire une maison à l'arrêt du tram dit de Queue-du-Bois, à l'entrée de la rue des Sauvages Mêlées. Une pièce au rez-de-chaussée de sa demeure servait de salle d'attente, elle était aménagée à cet effet.
Derrière cette pièce, se trouvait le dépôt de marchandises. Quiconque ayant fait un achat important pouvait venir le chercher dans l'un ou l'autre dépôt de ce type (le tram se chargeait du transport).
Une voie de garage (comme au Mosty) était prévue entre-autre à cet effet. Dans les villages, le trafic étant à voie unique, il fallait prévoir des croisements. Ce monsieur Pirotton était employé aux vicinaux à Bressoux dans les bureaux de la société comme ingénieur civil et imprimeur. C'est lui qui eut l'idée d'un pont au dessus du chemin de fer à Bressoux.

Le vieux pont de Bressoux sur la dérivation

Ce pont devait se faire sans trop d'expropriations, partant de la rue F. Heuveners, près du Bouxhay, passant en oblique vers chez Stein et Roubaix (Ets Moury aujourd'hui) permettant ainsi un accès supplémentaire vers leur dépôt. Les trams pourraient ainsi entrer rue de France, ressortir après ce pont rue du Moulin d'où un sacré gain de temps (puisqu'on était de nouveau à double voie vers Liège).
Le retard n'était plus que de cinq minutes !

Dès l'idée approuvée, le projet fut rapidement mis à exécution, le pont fut construit du même type que celui sur la Dérivation à Bressoux, mais avec plus de béton que de fer, en forme de dos d'âne avec des rampes d'accès assez raides.
Ce pont fut strictement interdit aux piétons à cause des risques d'accidents.

Marie Ernotte - 15.01.2007